La mémoire collective source du patrimoine des Kel Timia de l'Aïr Niger

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« L’ignorance du passé ne se borne pas à nuire à la connaissance du présent ; elle compromet dans le présent, l’action même » (Marc Bloch). Se rattacher à un passé mémoriel apparaît comme une des conditions de l’équilibre psychique de toute communauté humaine et un des aspects les plus permanents du mystère que constitue l’être humain. Les actions de l’homme se situant alors dans l’espace et dans le temps, le passé, le présent et l’avenir constituent les trois dimensions imbriquées du devenir de l’Humanité. Faire abstraction ou table rase du passé, c’est courir le risque de « travailler avec la mémoire des autres » comme dit Joseph Ki Zerbo et donc
bâtir l’avenir sur des bases tronquées ou fragiles car l’histoire est la mémoire des peuples ». Les Kel Aïr, tout comme les autres peuples ont donc un intérêt évident à connaitre leur passé et à profiter de ses enseignements.
L’histoire des troubles et des guerres entre les Kel-Oui et les Itissines arriva en l’année 1107 (1696). Alors Dieu fit descendre sur les gens qui se battaient le meurtre, la calamité, la famine, les guerres, les combats et le manque de pluie. Les routes étaient coupées, il n’arrivait ni ne
partait personne, et cela dura une année complète 1 . À partir de 1906, l’Aïr connaît une succession de désastres et de calamités dont les rapports de l’époque portent témoignage :
perturbation du trafic caravanier, impôts sur les personnes et le cheptel, sécheresse exceptionnelle de 1910, épidémies et famines, réquisition massive de chameaux pour la conquête du Tibesti en 1913-14, désarmement des imajeghens. Tous ces facteurs se conjuguent pour placer l’Aïr dans une situation de crise profonde